5h30 : Réveil maltinal. Le Grand n’était pas en forme hier soir. Il a changé de lit au milieu de la nuit. Pourrie (la nuit).
6h00 : ll n’a pas l’air mieux ce matin. Premier café. Aujourd’hui, c’est ma grosse journée au travail. Fait ch…..
6h30 : Première dose de paracétamol. Deuxième café.
7h00 : Il n’a pas faim. Moi non plus. Troisième café.
7h15 : Ça y est, moi aussi j’ai mal au ventre.
7h25 : On s’installe dans la voiture. Je cale ma tasse de café tiède (c’est toujours le troisième !) dans le porte-gobelet. Je sens que la journée va être longue.
7h30 : Je me gare devant la garderie. La nausée vient compléter la panoplie.
7h40 : Je remonte dans ma voiture. J’ai laissé Le Grand avec ses frères et soeur. J’ai le coeur serré même si j’ai bien dit aux animateurs de ne pas hésiter à m’appeler si ça ne s’améliore pas. En plus de stresser, je commence à culpabiliser. Je bois mon café froid.
8h00 : J’arrive au boulot. Je suis de moins en moins sereine. Bon OK, je ne suis jamais sereine. Mais là c’est pire.
8h30 : Je laisse mon téléphone à portée de vue pour ne manquer aucun éventuel message qui arriverait avant ma pause. Finalement, pas de message. Les minutes défilent beaucoup moins vite que d’habitude.
9h30 : Pause. J’appelle à l’école. C’est le répondeur. Je laisse un message.
9h32 : Je m’impatiente. Le Papa aussi essaie d’appeler en vain. Note pour le prochain conseil d’école: penser à leur demander d’embaucher une secrétaire !
9h35 : Je perds pieds. Mon cerveau me dit que tout va bien, sinon la maîtresse m’aurait déjà appelée. Mon autre cerveau me dit que les pompiers et le SAMU sont peut être déjà sur place.
9h45 : Je pense que j’ai fait le tour de la situation. J’ai envisagé toutes les hypothèses. Ma fréquence cardiaque est en voie de battre le record du monde, ma tension est sur le podium.
9h50 : J’ai du travail. Beaucoup de travail. Je n’arrive pas à me concentrer. Google me sussure qu’il va m’aider à y voir plus clair. Je devrais me méfier. Il me l’a déjà faite à l’envers hier soir. Je ne dois pas céder à nouveau à la tentation.
10h00 : C’est plus fort que moi. Google me présente deux ou trois forums douteux qui m’expliquent que les symptômes de mon fils peuvent être le signe d’une maladie grave. Très grave.
10h05 : Je fais un petit tour sur fb pour me changer les idées. Je lis des posts de maman inquiètes et qui demandent des témoignages. Si je continue à lire ça, je risque reconnaître de nouveaux signes. Je me déconnecte.
10h10 : Le Papa a trouvé un rendez-vous chez la pédiatre pour cet après-midi. Plus que 5 heures d’angoisse ! Vu la vitesse à laquelle défilent les minutes, je vais avoir le temps de faire vraiment plein de trucs d’ici là.
10h15 : Je dois vraiment me remettre au boulot. Toujours pas de nouvelles de l’école… Je songe à postuler pour le poste de secrétaire. Il faut que je profite de tout ce temps en rab pour mettre mon CV à jour.
10h20 : Je commence à avoir mal à la tête. Deuxième dose de paracétamol de la journée (la première pour moi). Puisque mon jeudi dure 10 jours, c’est possible de prendre des vacances dès demain pour compenser ?
10h30 : Je vais me faire un thé. Pour changer du café. Et rapport à ma fréquence cardiaque.
10h35 : Quand il faut y aller… je me remets tant bien que mal au boulot. Toujours avec un oeil sur la grande aiguille qui a tendance à me narguer. J’ignore la petite qui se fiche ouvertement de moi. Si je lui donne trop d’importance, elle va y prendre trop de plaisir et ne jamais redémarrer.
10h36 : …
10h40 : …
10h48 : …
10h57 : Bbzzz. Un message !!! … Mai impossible de jeter un coup d’oeil discret pour l’instant… Crotte !
11h00 : Enfin un petit moment calme. Ça vient du Papa. Il a finalement eu la maîtresse au téléphone. Le Grand va mieux. Il court avec ses copains… J’ai bien fait de lui donner une dose de ce médicament rose ce matin. Ça a été efficace. J’ai peut-être raté ma vocation de médecin.
11h10 : Vivement le rendez-vous chez la pédiatre quand même. Les symptômes vont peut-être revenir quand le paracétamol aura cessé d’agir. Les microbes et les virus sont sournois de nos jours.
11h15 : Mes nausées s’estompent. Je commence à avoir faim. Mais j’ai toujours la gorge serrée… La petite aiguille, toujours aussi lourde et a beaucoup de mal à remonter vers le 12.
11h20 : J’essaie de me reconcentrer. La grande aiguille elle aussi a du mal à avancer. Même dans la descente. Feignasse.
11h25 : Encore une heure entière avant la pause déjeuner…
11h30 : Penser à mettre une tablette de chocolat dans le tiroir. Pour les coups durs…
11h35 : Mais pourquoi je ne suis pas restée à la maison avec lui ??!!! Je suis une mauvaise mère ! Ça va se savoir et les services sociaux vont me retirer sa garde !
11h40 : Inspirer…… Expirer…… Inspirer……
….
…
12h30 : Call conf de crise avec Le Papa. Non, il n’est pas inquiet (en tout cas c’est ce qu’il me dit). Il me rassure. Du moins il essaie. Mais il faut reconnaître que la tâche est ardue…
12h35 : Manger en bossant ou bosser en mangeant. Manger froid. Mon fils est à l’agonie, c’est pas le moment de chipoter. Trop de choses à faire. Et il faut que j’occupe mon cerveau pour lui éviter d’avoir trop d’occasions de se prendre pour la prochaine palme d’or.
13h30 : Deuxième thé.
13h45 : Reprise officielle du boulot. En réalité je n’ai pas vraiment levé le nez. Je décide de prendre un tunnel pour atteindre la fin de l’après midi. Le maître mot : concentration.
15h00 : La Papa et Le Grand doivent être dans la salle d’attente.
15h05 : Soit la pédiatre a du retard, soit c’est grave…
15h06 : Ça doit être grave…
15h07 : C’est une réaction inflammatoire. Me voilà bien avancée… Encore 2 heures au boulot en plus !
15h10 : Peut-être que la pile de la pendule aurait besoin d’être changée…
15h15 : Pas de nouvelles nouvelles. Bonne nouvelle ?
15h35 : Pause pipi. A force de boire du thé…
16h00 : C’est une petite lumière que j’aperçois au bout du tunnel, ou c’est la grande, celle qui m’annonce que ma fin est proche ? Dans le doute, je fais la liste des bons moments.
…
17h : Je range mon bureau et je saute (façon de parler) dans ma voiture.
17h01 : La barrière du parking est aussi lourde que les aiguilles de la pendule.
17h02 : Un feu rouge, une file de voitures. Je suis bloquée sur le parking.
17h05 : Je roule enfin, mais je ne suis pas la seule. En plus je dois faire un détour par le supermarché pour cause de pénurie de yaourts. Il ne manquerait plus que je laisse mes petits monstres mourir de faim !
17h25 : Tout à l’heure ils étaient tous sur la route. Les voilà tous au supermarché. Ils me suivent ou quoi ? J’espère qu’ils ne comptent pas sur moi pour le dîner !
18h00 : Je serre enfin mon bébé Grand dans mes bras. Il me raconte sa journée avec enthousiasme. Son Papa est venu le chercher à l’école avant les autres. Il est allé chez le docteur dans la petite voiture. Il a fait un bon goûter. Il a bien profité de son après-midi. Il est juste un peu fatigué.
18h05 : Finalement, c’est une otite. Non, on va attendre un peu pour voir comment ça évolue avant de l’hospitaliser. Si, si, on devrait pourvoir éviter la chirurgie. Non, ça n’est pas si grave que ça.
18h10: Le Papa se fiche de moi ou quoi ? Nooon, il n’oserait pas. Ça doit être la fatigue qui commence à me jouer des tours.
18h15 : Il faudrait peut-être mettre les yaourts au frigo.
19h00 : Enfilage de pyjamas, débarrassage de la table, brossage de dents, dîner, un dernier petit pipi, une histoire, préparation du dîner, un dernier bisou, douche… Je vous laisse remettre tout ça dans l’ordre pendant que je me bats contre Morphée. Mais puisqu’il faut rendre au Papa ce qui est au Papa, je dois avouer qu’il s’est cogné tout seul ce que vous avez classé après le dîner. Presque tout quoi !
….
20h12 : Je m’allonge déjà enfin. Et direct mon cerveau fatigué, puisqu’il n’est plus occupé à me tenir debout, retrouve un peu d’énergie pour gamberger. Mais comme il est fatigué, ça ne vole pas très haut !
20h30 : L’hypocondrie, c’est mortel comme maladie ?
20h42 : Morphée a gagné.