Prématurité #5 – La réanimation néonatale. Le choc de la rencontre.

À mon arrivée dans le service, je suis perdue. J’ai beau avoir bénéficié d’une visite guidée pendant mon hospitalisation, je me retrouve dans un monde totalement inconnu. D’abord il y a le sas, dans lequel on peut poser des affaires, et surtout se laver les mains selon un protocole très strict. Puis l’arrivée dans le service. Mes Minis sont dans deux chambres voisines. L’ambiance est très particulière. Un minimum de bruits et de lumières pour ne pas déranger les bébés. La vie est rythmée par les bips des machines. Des bruits auxquels nous nous habituerons, mais qui pour l’instant nous sont étrangers. Plus inquiétants que rassurants.

scope

Le première rencontre, comme celles qui vont suivre, est chargée en émotions contradictoires. Le bonheur de cette rencontre est terni par la violence de cette image. Même lorsque l’on y est préparé, voir un bébé né trop tôt est un choc. Il est minuscule au creux de son cocon, caché derrière les capteurs, les fils de perfusion et le masque à oxygène. C’est Mademoiselle Mini que j’ai vue en premier. Elle était si petite, si maigre ! J’ai pu glisser ma main dans son incubateur, mais comment caresser un bébé si petit ? Comment ne pas lui faire mal ? Comment lui faire comprendre que je suis sa maman, et comment la rassurer alors que moi même j’ai si peur ?

Il faut ensuite la quitter pour pouvoir aller voir son frère. Il n’y avait pas de chambre double disponible alors chacun la sienne. Les deux sont voisines et séparées par des fenêtres. Il suffit de tirer les rideaux pour voir à côté, ce qui n’est déjà pas si mal. C’est la même émotion une seconde fois lorsque je vois Monsieur Mini. Puis c’est l’heure de la séparation. Je dois retourner dans ma chambre. Je n’en ai pas changé. Cette fois-ci je ne séjournerai pas à la maternité…

Le lendemain, c’est une nouvelle routine qui se met doucement en place.  Au réveil, j’ai des nouvelles des Minis par téléphone. Le Papa a déjà appelé dans le service pour savoir comment s’était passée la nuit. La Visite des médecins ne s’arrête plus dans ma chambre. À partir de ce moment là, je vais y passer beaucoup moins de temps. C’est le début des aller-retours avec le 3e étage. Je peux accéder au service autant que je le souhaite. Le plus difficile : ne pas pouvoir être aux côtés de mes deux bébés en même temps.

La fin de cette deuxième journée est l’occasion d’un premier câlin. Ça n’a l’air de rien comme ça, c’est tellement naturel de prendre son bébé dans les bras ! Mais là il y a tous ces fils… Alors l’installation est un peu compliquée. Il faut d’abord trouver un fauteuil confortable. Puis l’infirmière prend le temps de débrancher chaque capteur, prend Monsieur Mini délicatement, et le glisse tout contre moi. Elle doit ensuite tout rebrancher. C’est notre premier peau à peau. C’est beaucoup d’émotion de sentir le corps entier de ce petit bébé qui tient si peu de place sous mes vêtements.  Nous profitons aussi longtemps que possible de ce doux moment. Puis c’est l’heure de le réinstaller dans son incubateur. L’infirmière prend de multiples précautions pour éviter au maximum l’inconfort malgré toutes les manipulations dont elle a la charge. Et sans se lasser, elle recommence tout pour que je puisse serrer Mademoiselle Mini dans mes bras. Lorsque je quitte le service, la nuit est déjà bien avancée.

Petit à petit, je fais connaissance avec le personnel. Ce n’est pas facile de repérer qui est qui. Il y a beaucoup de monde. Je commence à me familiariser avec les habitudes. Je peux observer. Il y a les soins réguliers auxquels je pourrai bientôt participer. Il y a tous ces produits pour la perfusion, il y a la sonde gastrique qui délivre lentement les 3 premiers ML de lait. Il y a la photothérapie pour éviter le jaunisse. Il y a ce cathéter central que l’on vient de poser. Il y a ces grands tableaux cartonnés sur lesquels infirmières et médecins notent tout ce qui se passe chaque jour.  Et il y a Le Scope. C’est l’intrus qui s’invite dans la famille sans y avoir été convié. On lui porte malgré nous autant d’attention qu’au bébé. Chaque son inhabituel nous fait tourner la tête dans sa direction et augmente notre fréquence cardiaque.

Petit à petit, les jours suivants, je participe aux soins. Prendre la température, nettoyer les yeux, humidifier l’intérieur de la bouche.  Et changer la couche. Encore un geste qui n’a l’air de rien, surtout quand on est déjà maman de deux garçons. Ça fait presque trois ans que je change plusieurs couches par jour. Mais là il faut tout réapprendre. Apprendre à manipuler ces tout petits bébés, à les soulever pour changer ces couches bien trop grandes. Apprendre à comprendre les signaux d’inconfort qu’ils nous envoyaient, et à essayer de les apaiser.

Quelques jours plus tard, nous commençons à nous habituer à cet environnement. Et les Minis commencent à s’habituer à la vie dans leurs incubateurs. Le moment est venu pour le premier grand changement. Nous allons quitter la réanimation néonatale pour rejoindre le service des soins intensifs. Et même si il va falloir se construire de nouveaux repères, c’est une bonne nouvelle.

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Auteur : despatesauchocolat

Maman de 5 monstres. Le Grand a pointé son nez au printemps 2010. Le Petit nous a rejoints au tout début de l'année 1012. Les Minis ont agrandi la famille à la fin de l'hiver 2013. Le Petit Dernier est arrivé au printemps 2017.

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