Un beau jour, ou plutôt une belle nuit, après cinq semaines passées dans le service des grossesses pathologiques, le travail s’est sournoisement remis en route. Je dis sournoisement parce que d’après le Nième monito, tout allait bien. Et aussi parce qu’à force de me réveiller chaque matin avec les bébés encore dans mon ventre, je commençais à me dire que je tiendrai peut-être jusqu’au bout. Et pourquoi pas 34 semaines ? Ou 37 même ! Pourquoi pas ?! Alors on m’a donné deux spasfons pour que je dorme tranquille. Mais une heure plus tard, l’infirmière de nuit a décidé que n’était pas normal. J’aurais dû être soulagée. Elle a rappelé les sage-femmes pour me faire descendre. On a rebranché le monito pour continuer à surveiller. Et pour me prouver que tout allait bien, on a décidé de m’examiner. C’est là que l’agitation a commencé.
Je n’étais plus dans le calme de ma chambre (il était de 5 heures 30 du matin), mais au beau milieu d’une course folle. Tout le monde s’agitait dans tous les sens. Il fallait préparer une salle. Plus vite. Et appeler les pédiatres. Et le Chef. Préparer des bracelets, un rose et un bleu, une perf. Pas de péri. Plus le temps. L’heure était bien arrivée. Il y avait de plus en plus de monde autour de moi. 5 cm…
J’ai aussitôt appelé Le Papa. Le temps que quelqu’un vienne à la maison pour s’occuper du Grand et du Petit, une demi-heure après il était là. A la porte de la salle de naissance. Il a sonné pour qu’on lui ouvre. Il a dû patienter 5 minutes, tout le monde était affairé. Il est arrivé trop tard dans la salle de naissance. Le calme était revenu. Tout le monde était sorti. Nos bébés aussi. On m’avait demandé leurs prénoms, et je n’avais pas su quoi dire. Je ne voulais pas prendre cette décision seule. Tout était allé si vite. J’étais sonnée. Nous espérions tellement que nos bébés allaient rester au chaud encore un petit peu que nous ne nous étions pas vraiment autorisés à en discuter. Alors pour l’instant ils s’appelaient J1 et J2. Comme lorsqu’ils étaient encore au chaud dans mon ventre.
Les heures qui ont suivi allaient être interminables. Nous étions dans l’attente, et dans la crainte aussi. Comment allaient-ils ? Quand pourrions-nous les voir, les prendre dans nos bras ? Après quelques temps, Le Papa a été autorisé à monter les voir. Ils allaient « bien », si ce n’est qu’ils avaient besoin des machines pour respirer, se réchauffer, et s’alimenter.Il est redescendu avec quelques informations, et le numéro de téléphone de la réanimation néonatale. En fin de journée, nous avons arrêté le choix des prénoms pour que Le Papa puisse parler des Minis à leurs deux grands frères, et j’ai enfin pu monter faire leur connaissance.