Cette période passée à attendre la naissance s’est déroulée hors du temps. C’était long. Hormis le défilé du personnel médical, j’étais seule dans cette chambre 24. Le Papa passait ses journées à courir encore plus qu’avant…Biberons, habillages, repas (Il a continué à préparer purées et compotes pendant toute cette période, n’a acheté aucun petit pot. Pas un seul ! Oui c’est un héros !), lessives, bains, crèche et allers-retours au travail. Impossible dans ces conditions de me rendre visite tous les jours. Mais dès qu’il le pouvait il passait, parfois même en coup de vent, sur le chemin du travail, « juste » pour m’aider à prendre une douche. On n’imagine pas à quel point c’est compliqué de prendre une douche quand on est branchée à une perfusion et qu’à force de rester alitée et de mal dormir l’énergie nous manque. C’était la seule sortie autorisée de ma chambre, une fois tous les deux jours. Le reste du temps, je devais rester allongée. Alors merci Le Papa !
Merci aussi pour toutes les petites surprises. Un jour de congé posé sans me prévenir le jour de la Saint Valentin ou de mon anniversaire. Ce jour là, pour la seule fois de tout mon séjour, j’ai eu l’autorisation de sortir. Pas de rentrer à la maison hein !!! De descendre boire un café assise sur un banc, sur la terrasse. Cette terrasse sur laquelle chaque jour depuis un bon mois maintenant, je voyais depuis ma fenêtre personnels et visiteurs prendre l’air. Il y avait un grand soleil. J’ai regardé la fenêtre de ma chambre vue d’en bas. Ça n’a duré que quelques minutes mais c’était magique.
Les amis m’ont également rendu quelques visites, mais en semaine, ils travaillent eux aussi… Alors il y avait des jours sans. En revanche, dès qu’ils le pouvaient, ils ne manquaient pas de m’apporter de quoi nous occuper lorsque les soirées duraient un peu trop. Je dis nous parce qu’ils pensaient à mon estomac aussi ! Mais c’est bien connu, dans le chocolat il y a du magnésium, et le magnésium, c’est bon pour contre le stress. De toute façon, une fois que la grossesse ne se déroule plus exactement comme prévu, les médecins qui surveillaient scrupuleusement ton poids à chaque visite, envoient cette question directement aux oubliettes.
Le reste du temps, mon téléphone n’était jamais loin ! Et la télé non plus. Je n’avais pas pour habitude de la regarder puisque nous n’en avions pas à la maison. Mais là… Le matin au petit déjeuner, j’adorais regarder Le Petit Nicolas. Ça me donnait l’impression d’être un peu à la maison. Le grand adorait ses 12 minutes quotidiennes sur l’ordinateur. Pendant le monito du matin, je regardais Les maternelles. Et aussi tout un tas de bêtises qui ne nécessitaient aucun temps de cerveau disponible…
Dans ces conditions, chaque visite était un réel plaisir. Une fenêtre ouverte sur l’extérieur. Merci pour la distraction, pour votre attention, merci pour l’ordi, pour les potins… Merci Le Papa, merci S.& A., Merci M., merci G., merci G. & J., Merci C., merci M. & C., Merci C. Merci aussi à tous ceux qui m’ont accompagnée par téléphone depuis leurs contrées lointaines. Merci.
Pendant ce temps là, chaque jour, chaque semaine passée était une petite victoire. Les prises de sang, les monitos et les échos se succédaient, les bébés grandissaient. Je grossissais… Nous nous rapprochions de plus en plus d’un terme acceptable. A tel point que j’ai fini par prendre mon mal en patience, et croire que tout irait bien jusqu’à 34 SA. Que nous pourrions souffler un peu. Et j’ai rempli des carnets avec une multitude de petits détails du quotidiens que je relis aujourd’hui avec émotion.