3 février. C’est le début du marathon. Il va falloir que ça dure le plus longtemps possible. Analyses quotidiennes, monitorings plusieurs fois par jour, échographies. Mes deux trésors sont surveillés comme le lait sur le feu. Chaque jour est une victoire, mais c’est aussi un jour de plus sans mes deux bonshommes et sans Le Papa. Heureusement qu’ils viennent 3 fois par semaine et qu’ils dînent parfois avec moi. C’est fatiguant, mais ça nous fait beaucoup de bien à tous. Et le moment de se quitter est souvent pénible.
En revanche, j’ai le droit chaque jour à LA VISITE. Le médecin chef fait le tour des chambres, accompagné d’un bouquet d’internes et d’externes et de sage-femmes… D’un jour à l’autre, certaines têtes changent. Certains chefs exposent les cas dans le couloir, manifestement sans envisager qu’on entend presque tout de l’autre coté de la porte. Presque tout. Donc on ne comprend pas. C’est angoissant. Puis tout ce petit monde envahit la chambre, fait un point rapide, et repart aussi vite qu’il est arrivé. Toutes les questions qui vont et viennent dans ma tête ne s’autorisent pas à sortir de ma bouche avant leur départ.
Alors je gamberge. Et en plus des visites du Papa qui me rassurent et des amis qui me changent les idées et entretiennent mes « rondeurs » à coup de chocolats, il y a deux visites régulières qui m’aident à répondre à toutes mes questions.
La bibliothèque.
Une dame se promène chaque semaine dans le service avec un petit chariot rempli de livres. C’est l’occasion de feuilleter quelques ouvrages concernant la gémellité et la prématurité. Mais ce n’est pas facile de lire dans cet environnement. J’ai du mal a fixer mon attention. Ça a tout de même été l’occasion de parfaire ma connaissance en matière de jumeaux. Mais sur le sujet, je vous conseille de lire plutôt ce billet de Papa3. Le seul livre que j’ai lu en entier durant cette période et m’ait permis de m’évader un peu, c’est celui-ci, offert par ma copine Marie.
La psychologue.
Elle s’appelle Marie-Aline. Elle était arrivée récemment dans le service et m’a proposé une chose qui n’était pas habituelle. Visiter le service de néonatologie. J’ai d’abord rencontré la psychologue de néonat. Émilie. Elle m’a présenté Robert, le Poupon prématuré, dans son incubateur, avec tous ses capteurs et ses tuyaux. C’était impressionnant. Elle m’a expliqué à quoi ressembleraient les premiers jours de mes bébés. Puis je suis passée dans le couloir réservé aux visiteurs, et j’ai pu apercevoir une vraie chambre de réanimation, de l’autre côté du carreau. Une chambre de jumeaux. Je ne peux pas savoir comment j’aurais vécu la suite des événements si je n’avais pas fait cette visite. Je ne peux pas dire que j’étais prête à accueillir des bébés prématurés. Ce n’est pas possible. Mais cette visite était une bonne chose. J’imagine que les choc est d’autant plus violent pour les parents à qui la nature n’accorde aucun répit, et qui se retrouvent dans cet univers si particulier sans aucun préavis.