4 ans…

4 ans Yanis

Il y a 4 ans et quelques jours, tu étais encore bien au chaud dans mon ventre. Mais ton papa était inquiet. Il avait coché une case supplémentaire sur l’ordonnance pour la dernière prise de sang de routine.

Jeudi. Au moment de récupérer les résultats, le médecin du labo me conseille d’aller aux urgences. Mon foie a perdu la tête. Nous sommes au beau milieu de l’après-midi.Ton grand frère est à la crèche. Il sera bientôt l’heure d’aller le chercher. Il faut bien que je m’occupe de lui. Si cela ne pouvait pas attendre demain matin, l’hôpital m’aurait déjà appelée puisqu’ils ont reçu les résultats par fax. Au fond de moi j’étais très inquiète, mais j’essayais de me raisonner, de na pas paniquer pour un rien.

Ton papa était préoccupé, et il a préféré ne pas me stresser, ne pas m’inquiéter. Mais il n’a pas beaucoup dormi cette nuit là. Nous avons passé la soirée tous les trois sans savoir que ce serait la dernière. Ta naissance était prévue dans un mois, mais tu allais nous rejoindre plus vite que prévu.

Le lendemain matin, après avoir déposé ton frère à la crèche, nous nous sommes tranquillement rendus aux urgences de la maternité avec les résultats de la prise de sang. Devant la situation, je suis montée dans une salle de pré-travail, j’ai été examinée et on a vérifié ton rythme cardiaque. Tout allait bien pout toi, mais c’était la manique du coté des sage-femmes et des médecins. La sage-femme qui m’avais vue lors de la dernière consultation n’avait pas souvenir de m’avoir prescrit cet examen. Et ne croyait pas vraiment au résultat. Elle n’avait pas pris au sérieux ce que je lui avais dit lors de la consultation. J’avais de terribles démangeaisons depuis quelques temps. Ton papa me faisait des massages avec de la crème, et me soutenait beaucoup pour que je ne craque pas. Je me suis coupé les ongles très courts et je m’efforçais de caresser comme il me disait. Comme j’avais une consultation de prévue, il avait insisté. Dis leur bien que tu as des démangeaisons ! Je ne voyais pas le rapport avec la grossesse mais je l’ai dit. Je n’ai pas été prise au sérieux et je suis repartie avec la consigne de bien m’hydrater.

L’équipe était donc occupée à savoir qui avait prescrit l’examen. Ils venaient tour de rôle pour élucider ce mystère. Mon foie était en train de t’empoisonner, mais ce n’était que leur seconde préoccupation. Pour ne mettre personne en difficulté, nous avons préféré ne pas dire que c’était ton papa qui avait coché une case supplémentaire sur l’ordonnance. Pourtant, cette petite croix au bout de ton stylo allait te sauver la vie.

Toujours aussi sceptique, l’équipe a décidé de refaire ces examens. Pour être bien sûrs… Mais ce sont des analyses spéciales. Il faut les envoyer dans un autre hôpital, et ça va prendre 48 heures. En attendant, j’allais rester sous surveillance à l’hôpital. On ferait des monitorings réguliers pour surveiller ton coeur. Si les résultats sont confirmés, on déclenchera l’accouchement.

Là, tout s’embrouille dans ma tête. Cholestase gravidique. Déclenchement. Je ne m’attendais pas à ça. Je ne comprends plus rien avec tout leur jargon médical. Je perds pied. Et là, il faut savoir que quand ils ont le temps, les médecins sont disposés à t’expliquer les choses patiemment, avec des mots simples. Quand il y a urgence, ça commence à se compliquer. Mais si ton Chéri travaille dans le monde médical, alors là ils partent du principe que tu suis assidument les cours du soir et que tu n’as besoin d’aucune explication. Ils croient que tu parles leur langue et que tu digères chaque mot dès qu’il sort de leur bouche. Heureusement que ton papa était là pour m’expliquer et me rassurer un peu.

C’est le moment pour ton Papa de retourner à la maison me préparer une valise, et pour moi d’intégrer le service des grossesses pathologiques. Voilà un étage de la maternité que je me serais bien passée de visiter.

Dimanche. Bizarrement, les tests faits par le labo hospitalier donne les mêmes résultats que ceux faits en ville. Confirmation. On déclenche aujourd’hui. Mais pas tout de suite. Il y a des embouteillages en salle de naissance.

Vers 17H c’est parti. Premier essai sans résultats. Deuxième essai quelques heures plus tard. Cette fois-ci, le travail se met en route. Tout doucement, mais douloureusement. Tu n’étais pas prêt. Moi non plus. Nous avons rencontré le docteur Delphine en salle de naissance. Elle s’est montrée rassurante et bienveillante, même si c’est elle qui, au bout d’un certain temps et après une perfusion d’ocytocine , m’a annoncé que si tu ne te décidais pas rapidement, il faudrait faire une césarienne. Je pense qu’à ce moment là, tu as senti mon désarroi. Alors tu as décidé de me donner un petit coup de main, ou de pied, et tu as pointé le bout de ton né.

A 37 semaines, tu étais déjà un très beau bébé, chevelu, poilu, avec les yeux en amandes. Ton grand frère avait 2O mois. Lorsqu’il est venu te voir pour la première fois, il t’a caressé les cheveux et a répété en boucle : « Ooooooohhhhh, le bééééébééééé » !!!

C’était le début de notre nouvelle vie à 4.

Auteur : despatesauchocolat

Maman de 5 monstres. Le Grand a pointé son nez au printemps 2010. Le Petit nous a rejoints au tout début de l'année 1012. Les Minis ont agrandi la famille à la fin de l'hiver 2013. Le Petit Dernier est arrivé au printemps 2017.

Une réflexion sur « 4 ans… »

  1. C’est très joliment écrit. Il est touchant et très émouvant. Je passe pr un héro alors que c’est toi en réalité.
    Ça fait du bien de replonger ds ces séquences…
    CBC

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